Une relecture d’année c’est un moment personnel, un temps où la solitude devient habitée par la vie, nos vies, la Vie. J’ai tant aimé ce que j’ai vécu, ressenti lors de notre pause de fin d’année, dans ce bout du monde, cette impasse qui abouti à Dieu. N.D. de Livron, écrin de verdure, de recueillement et de soleil ce jour-là. Me poser, me reposer et laisser les émotions, joies, peines s’exprimer dans un regard émerveillé sur la nature, dans une respiration profonde les paupières closes. Un peu de musique grâce à mon MP3 pour chanter et rendre sonore des sentiments. Beaucoup de silence laissé libre pour que chaque cellules de mon corps s’imprègne des émotions exposées. Ce temps trop court auquel il faut s’arracher pour rejoindre les autres. Puis célébrer ensemble mais seuls, face à Marie, l’eucharistie qui donne sens à cette année, à cette journée, à ce moment vécu. Alors j’ai envie de prolonger encore ce temps en posant ici les quelques mots griffonnés en regard des pistes de réflexions proposées s’appuyant sur le texte de St Luc (24, 13-35) Les pèlerins d’Emmaüs. Sauf que comme souvent j’ai quitté la piste pour suivre mon propre chemin…
J’ai commencé par remâcher un peu l’année qui avait précédé celle-ci. Une année que j’avais trouvé lourde, difficile, où je n’avait pas trouvé ma place. Alors deux extraits m’ont appelée: « … leurs yeux étaient encore aveuglés… ils s’arrêtèrent tout tristes ». Oui, c’était bien là mon état d’esprit en juin 2013… Merci Seigneur de m’avoir poussée plus loin.
Avoir su « sortir des rails », décider de me laisser porter par les autres, par les enfants, par l’actualité. Ressentir vraiment l’envie (plus que le besoin) de laisser l’Esprit Saint guider mes séances. Et goûter ce sentiment de plénitude quand la rencontre la plus « improvisée » devient la plus riche, en étant consciente que ce n’est pas grâce à moi. Etre à chaque séance émue et émerveillée par cette maman redevenue petite enfant à côté de son fils pour reprendre avec lui le chemin qu’elle avait déserté… recevoir ses questions, ses témoignages auprès du groupe , ses larmes et te les offrir Seigneur…
Ne plus chercher à faire équipe avec les autres catéchistes, est-ce me détourner ou est-ce seulement ne plus faire le pas vers ceux et celles qui se détournent? Je ne peux moi-même en juger. C’est vrai qu’il y a une distance que j’ai laissé s’installer, volontairement. Mais tu sais Seigneur qu’il s’agit pour moi davantage de laisser la liberté et l’espace à l’autre.
Pour résumer cette année écoulée quelques paroles qui passent par mes écouteurs: « un peu de silence pour s’aimer, beaucoup de patience pour se rencontrer » En fait aujourd’hui ma relation à Dieu et aux autres, ma foi, ma vie ressemble terriblement à ces quelques mots…
Par le croisement de la prière je retrouve alors le fil conducteur, le chemin proposé:
Merci Seigneur, pour les graines que je ne verrais pas grandir, pour les fleurs cueillies au bord du chemin.
Pardon Seigneur pour les pierres que j’ai poussées du pied au lieu de chercher à bâtir avec.
S’il-te-plait, redonne-moi la joie et l’enthousiasme du voyage, ne laisse pas la mousse et les mauvaises herbes envahir mon chemin.
En conclusion, il est là mon besoin, mon chemin. Vivre pleinement, en profondeur la rencontre avec les autres, avec l’Autre. Je n’ai plus envie de « faire » j’ai faim de « vivre »… je trouverais j’espère un jour un lieu pour partager çà ailleurs que sur un clavier…. « donne-moi, donne-moi donne-moi seulement de t’aimer. »